La dermatite atopique

L’état atopique est une anomalie du système immunitaire qui prédispose un individu, animal ou humain, à se sensibiliser à des allergènes de l’environnement. Cela se manifeste par des signes cliniques d’allergie.

Dr. Vet. Sébastien Viaud, Spécialiste européen en dermatologie vétérinaire au CHV Aquivet (près de Bordeaux)
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Dr. Vet. Viaud

Les allergènes

Il s’agit principalement d’acariens microscopiques (surtout ceux de la poussière de maison tels que les Dermatophagoides), mais aussi de squames, de moisissures, de tissus et de pollens présents dans l’atmosphère. Les acariens vivent partout dans nos maisons : ils se nourrissent de squames et de débris d’origine humaine et animale, et on les trouve principalement dans les matelas, les meubles tapissés, les coussins, les tapis, la moquette… Les allergènes pénètrent le corps de l’animal par voie respiratoire, mais essentiellement par voie transcutanée.

Les signes cliniques d'une dermatite atopique

Chez l’homme, il s’agit de rhinite, d’asthme et de dermatite (dermatite atopique ou eczéma essentiel de l’enfant surtout, mais pouvant subsister chez l’adulte). Chez le chien, c’est essentiellement une maladie de peau inflammatoire : la dermatite atopique.

L’âge d’apparition est situé entre 1 et 6 ans. Certaines races sont prédisposées, comme le Labrador, le Boxer, le Labrit, les Setters et toutes les races de Terriers. Les Cockers et les Teckels sont épargnés.

Le prurit est un symptôme constant. Au début, les lésions sont discrètes. Il y a rapidement érythème (rougeur) de la face, des pavillons auriculaires, des pieds, de l’anus… L’animal se frotte, se lèche et se mordille ces zones. L’otite est fréquente. La dermatose se généralise avec apparition de croûtes, d’alopécie (chute des poils), épaississement de la peau qui devient foncée (lichénification et hyperpigmentation), pellicules (squames) et odeur rance (séborrhée). Il peut y avoir des complications de pyodermite (infection de la peau par des bactéries, les staphylocoques) et de prolifération de levures (champignons) sur la peau (Malassezia). Le poil blanc peut prendre une teinte rougeâtre.

Les chiens atopiques sont prédisposés à l’allergie aux piqûres de puce (DAPP), ce qui complique encore le tableau clinique.

Quel est le diagnostic d'une dermatite atopique ?

Le diagnostic est clinique.

Par ailleurs, une allergie alimentaire pouvant singer une dermatite atopique, un régime d’élimination devra avoir été effectué et n’avoir apporté aucune amélioration pour conclure à une dermatite atopique.

Le vétérinaire peut alors rechercher des sensibilisations par des tests cutanés (skin-tests). Ils consistent à injecter dans la peau de l’animal une petite quantité d’extraits d’aéroallergènes, ainsi que deux témoins (négatif et positif). Une réaction est considérée comme positive si on observe une petite lésion d’urticaire 15 à 20 minutes après l’injection : ce phénomène prouve que l’animal est sensibilisé à l’allergène. Pour pouvoir pratiquer ces tests, il faut que l’animal n’ait pas reçu récemment de traitement préalable qui pourrait modifier les réactions intradermiques (anti-histaminiques, corticoïdes).

Une prise de sang (dosage d’anticorps) peut remplacer ces tests cutanés mais les dermatologues vétérinaires préfèrent les tests intradermiques.

Traitement de la dermatite atopique

Le traitement est triple :

  1. Traitement des complications : le vétérinaire va prescrire des antibiotiques pour la pyodermite, des antifongiques pour la dermatite à Malassezia (les deux par voie orale), des shampooings pour la séborrhée et ces infections (ils peuvent de plus être calmant et éliminer les allergènes de la surface cutanée !), des préparations auriculaires pour l’otite, des insecticides pour éliminer les puces.
  2. Traitement spécifique : c’est soit l’élimination des allergènes, essentiellement l’utilisation de produits anti-acariens à répandre dans l’environnement (sans doute trop négligés en médecine vétérinaire), soit la désensibilisation (appelée maintenant immunothérapie spécifique d’allergènes). Le principe de cette dernière est d’administrer régulièrement des extraits d’allergènes par des injections sous-cutanées, à doses croissantes, toutes les semaines, puis tous les 15 jours puis tous les mois. C’est un long traitement : il faut attendre 9 à 12 mois pour obtenir des résultats satisfaisants, et continuer toute la vie de l’animal.
  3. Traitement symptomatique : il vise à améliorer la qualité de vie du patient, au début de la désensibilisation, ou si celle-ci échoue ou n’est pas souhaitée. On utilise des anti-histaminiques, des acides gras essentiels (AGE), des corticoïdes (“ cortisone ”) dont les effets secondaires sont NEFASTES à long terme, voire des substances “ immunomodulatrices ” telle que la ciclosporine.

La dermatite atopique est donc une maladie assez complexe qui nécessite beaucoup de motivation de votre part. Vous pouvez cependant, si vous vous y employez fermement, réussir à la maitriser.

Les points à retenir

Le vétérinaire établit le diagnostic sur la base des signes cliniques, de tests intradermiques, et du régime d’élimination sans effet. Il faut accepter le caractère incurable de la dermatose : on peut la contrôler, mais pas la guérir (un chien atopique le reste…), comme chez l’enfant

Le traitement des complications est important, car il peut soulager l’animal, en diminuant considérablement ses symptômes, même si le problème de fond (c’est-à-dire l’allergie) n’est pas résolu

Le choix des shampooings

Il doit être judicieux et il faut les faire correctement (mouiller, appliquer, rincer, appliquer de nouveau, laisser agir 10 minutes, rincer, appliquer éventuellement un réhydratant sans le rincer, sécher, le tout en moyenne deux fois par semaine)

La lutte anti-puces

La lutte anti-puces va permettre la prévention d’une complication banale, la DAPP

La lutte contre les acariens

La lutte contre les acariens n’est pas sans intêret : c’est l’“ élimination ” de l’allergène responsable (les produits utilisés dans l’environnement détruisent à la fois les acariens et les formes immatures de puce)

La désensibilisation

La désensibilisation donne de bons résultats (mais il faut être patient pendant plusieurs mois)

La cortisone

La cortisone soulage au début, puis de moins en moins, avec des effets rebonds : la dermatite réapparaît encore plus grave et les effets secondaires des corticoïdes apparaissent : polyuro-polydipsie (soif et émission d’urine augmentées), infections, fonte musculaire, amincissement de la peau, etc : c’est une solution de facilité temporaire qui ne résout rien et qui aggrave même le problème à terme

Les anti-histaminiques et les AGE

Les anti-histaminiques et les AGE ne sont pas efficaces dans tous les cas, mais ils méritent d’être essayés

La ciclosporine

La ciclosporine peut s’avérer efficace, mais elle est relativement chère

Il n’existe pas de recette “ miracle ”, chaque cas est particulier et mérite une combinaison de traitement, et pour cela, il faut collaborer avec le vétérinaire dermatologue.

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