Qui sont les chenilles processionnaires  ?

La chenille processionnaire est un stade larvaire d’un papillon nocturne. Il en existe deux espèces :

  • La chenille du Pin : Thaumetopea pityocampa de son nom latin. C’est cette espèce qui est le plus en cause dans les atteintes de nos chiens et chats.
  • La chenille du Chêne : Thaumetopea processionae. À noter que cette espèce peut aussi se trouver sur des noyers.

Elles tirent leur nom de leur mode de déplacement très spécifique, en « procession », c’est-à-dire les unes à la suite des autres, et sont donc très facilement reconnaissables.

Au printemps habituellement (mars-avril), les chenilles quittent leur nid et partent en procession à la recherche d’un site favorable pour leur métamorphose. Depuis quelques années, elles sont néanmoins de plus en plus précoces, et sont observées dès fin décembre ou début janvier.

En France, la chenille processionnaire du pin est présente sur une grande partie du territoire, principalement dans les zones sous influences océanique et méditerranéenne : le long de la côte méditerranéenne, en Corse et sur la côte atlantique (de la Bretagne au Pays basque). Depuis plusieurs décennies, la processionnaire du pin progresse vers le Nord et en altitude dans les Alpes, le Jura, les Pyrénées et le Massif Central, corrélativement au réchauffement climatique constaté par les météorologues (Rousselet, 2008).

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Localisation des 9 zones isoclimatiques de la chenille processionnaire en France (d’après RIVIERE J., 2011, Les chenilles processionnaires du pin, évaluation des enjeux de santé animale, thèse ENVA)

Quels dangers pour nos animaux de compagnie ? (chiens et chats)

Les chenilles processionnaires représentent un réel danger pour nos animaux (ainsi que pour l’homme), en raison de leurs poils qui sont urticants et allergisants. Ces poils contiennent une toxine, la thaumatopoéine qui provoque d’importantes réactions irritatives et/ou allergiques.

Le chien et le chat sont naturellement attirés par ces chenilles au mode de déplacement si particulier mais les chiens sont les plus touchés. Votre compagnon aura tendance à vouloir jouer avec, à les attraper et souvent à les lécher. Ainsi, la plupart du temps, les lésions observées touchent la cavité buccale, la face ou les yeux. Plus rarement, ces lésions peuvent apparaître au niveau de l’appareil respiratoire par inhalation des poils urticants. Dans ce cas, le risque d’étouffement est possible.

Les poils peuvent être assimilés à des flèches ou des harpons, munis de barbillons dirigés vers l’extrémité distale du poil. Celui-ci peut ainsi pénétrer dans la peau par son extrémité proximale, mais il ne pourra ressortir du fait des barbillons. 

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Quels sont les symptômes d’une envenimation par les chenilles processionnaires chez l’animal ?

Si votre chien se met à brusquement baver, vomir et présenter un gonflement de la langue ou des babines, il a pu être en contact avec des chenilles processionnaires. Les premiers symptômes arrivent dans les 2 heures suivant le contact. La langue peut changer de couleur : devenir rouge puis noire et enfler au point de ne plus tenir dans la cavité buccale. Ces lésions sont la plupart du temps très douloureuses.

Lors de cas d’inhalation de leurs poils urticants, une détresse respiratoire voire un choc peuvent survenir, la vie de votre compagnon est alors en jeu. Attention également au contact des poils urticants avec les yeux de votre animal (risque d’ulcères cornéens notamment).

Dans les 24 à 48h suivant le contact avec les chenilles processionnaires, une partie de la langue de votre compagnon peut se mettre à nécroser voire à tomber. Votre chien peut vivre normalement avec un bout de langue en moins cependant si la lésion est trop importante, il pourra présenter des difficultés pour boire et se nourrir.

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Evolution des lésions ulcératives de la langue par les chenilles processionnaires (d’après Charmot P. (1987) La chenille processionnaire du pin Thaumatopoea pityocampa Schiff, et son importance médicale. Thèse Méd. Vét., Lyon, N°020, 132p).

Quelle conduite à tenir en cas de suspicion d’envenimation ?

En premier lieu, protégez-vous les mains en portant des gants avant de toucher la bouche de votre chien. Vous risquez également une allergie très urticante voire un choc anaphylactique pour les personnes allergiques.

Ensuite, le premier réflexe qu’il faut avoir est de lui rincer abondamment la bouche avec de l’eau froide (compter 10 à 15 minutes de rinçage).

L’envenimation par les chenilles processionnaires, même si les premiers symptômes ne sont pas encore apparus, est une véritable urgence vétérinaire.

Une fois la cavité buccale de votre animal rincée, contactez rapidement votre vétérinaire traitant ou les urgences vétérinaires. Le vétérinaire pourra, en fonction de la présentation et de l’étendue des lésions, réaliser des injections d’anti-inflammatoire, anti-douleur, antibiotique pour éviter l’infection voire garder votre animal hospitalisé sous perfusion et mesures de réanimation dans les cas les plus graves (oedème de Quincke, choc anaphylactique, insuffisance rénale etc…).

Dans certains cas, lors de nécrose trop importante, une glossectomie, c’est à dire une résection d’une partie de la langue doit être entreprise afin d’éviter les surinfections (risque de gangrène) et diminuer la douleur. Une sonde d’oesophagostomie (sonde de réalimentation) est parfois posée pour permettre une nutrition adaptée et sans douleur le temps de la cicatrisation.

Exemple de Johnny

Johnny, jeune Shi Tzu ayant joué avec les chenilles : Noter l’œdème majeur généré par la réaction allergique et la couleur noire de la langue, signe de nécrose (photo 1). Dans ce cas très avancé, une glossectomie a dû être réalisée (photo 2 et 3), et a permis une bonne récupération (photo 4)

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Photo 1

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Photo 2 : photo préopératoire. Noter le sillon disjoncteur, avec la zone de nécrose à l’extrémité de la langue

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Photo 3 : photo post-opératoire au retrait des points. La cicatrisation est excellente.

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Photo 4 : Johnny avant sa sortie d’hospitalisation.

Mesures de prévention

La lutte contre les chenilles processionnaires du pin peut prendre différentes formes. Les actions à mettre en œuvre ne dépendent évidemment pas des dates administratives des saisons, mais sont liées au cycle de l'insecte qui peut varier selon les régions et les conditions climatiques. Il n'existe aucun moyen de se débarrasser définitivement des chenilles. Les traitements sont à refaire chaque année. En effet, même si l'on détruit toutes les chenilles vivantes sur son terrain, vos arbres seront infestés à nouveau l'année suivante par des papillons pouvant provenir de plusieurs kilomètres. Le papillon mâle peut voler jusqu'à 25 km et le papillon femelle jusqu'à 3 km et de plus les chenilles peuvent rester enfouies dans le sol de quelques jours à 5 années.

Ces traitements annuels doivent donc être maintenus tant que des nids, et donc des papillons, existent dans votre région. Des mesures écologiques (ex : mise en place de nids pour les mésanges, phytosanitaires, biologiques ou chimiques, de piégeage par confusion sexuelle ou mécaniques existent). Pour plus d'informations, veuillez contacter un professionnel pour assainir vos terrains.

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